Indemnisés un an, les intermittents invités à se rendre dans les écoles
Suite à une série d'entretiens avec des artistes (dont les identités n'ont pas été communiquées) de différentes disciplines durant la matinée, le Président de la République Emmanuel Macron a annoncé dans son bureau la philosophie de son "Plan Culture" en réaction à la crise inédite : le mariage du bon sens et de l'innovation (avec ses objectifs : rouvrir au maximum sans que le virus ne se remette à circuler). Le Président a aussi expliqué souhaiter lancer un grand programme de commandes publiques, notamment pour les créateurs de moins de 30 ans qui ont besoin d'être aidés, d'être re-mis en marche (dynamique) dans le monde de la culture. Il a ensuite laissé le Ministre de la Culture Franck Riester lister les annonces et mesures, sur le perron du Palais de l’Elysée.
Ces mesures étaient très attendues et réclamées avec virulence par tous les acteurs et artistes du monde culturel : les pétitions se multiplient depuis le début du confinement pour tirer le signal d'alarme quant à la situation catastrophique pour les personnes et institutions. La mesure essentielle annoncée ce jour correspond à l'une de ces demandes et pétitions (mais avec une contrepartie dont les contours restent encore à préciser) : les intermittents obtiennent l'année blanche (maintien de leur statut et indemnités jusqu'à la fin du mois d'août 2021) mais en échange, ils iront dans les écoles et au contact de jeunes publics.
Dès ce lundi 11 mai 2020, les lieux de culture et compagnies pourront commencer à réinvestir leurs locaux à des fins administratives, pour répéter, travailler à l'avenir. Les autorités gouvernementales continueront d'observer la situation dans le courant du mois de mai pour voir s'il est possible d'aller ou non plus loin dans le déconfinement, en autorisant des rassemblements supérieurs à 10 personnes, "en étant inventif en faisant preuve de bon sens et de créativité pour trouver des façons de remettre les artistes devant le public", une réflexion menée et prolongée de mois en mois.
Une décision forte, un "pacte de confiance" (formulation qui était clairement l'élément de langage choisi en haut-lieu et que le Ministre n'a cessé de répéter) doit servir à réenchanter notre pays, en saisissant sans attendre "l'opportunité unique qu'est la réouverture des écoles dès le 11 mai, afin d'en profiter pour que les artistes aillent au contact des jeunes". Le Ministre la Culture qui annonce donner l'exemple, grâce à une coopération avec son homologue Ministre de l'Education, dans le cadre d'un Haut Conseil à l'éducation artistique et culturelle et d'une plateforme entre les artistes et l'Education nationale. L'objectif est d'établir une collaboration dès le mois de mai, suivie par un "été apprenant et culturel" avec de nouvelles formes de médiations. Le Président de la République fera ensuite un point de rencontre fin août avec les artistes après cette période qu'il souhaite "d'échange et d'effervescence culturelle."
Enfin pour ce qui concerne le secteur de la musique, le "Centre National de la Musique" qui vient d'être créé le 1er janvier recevra une dotation de 50 millions d'euros (à comparer aux milliards d'euros qui sont en jeu) pour se réarmer et bâtir des plans d'accompagnement. Sera également créé en complément un Fonds Festival que les collectivités et régions sont invitées à abonder.
Le Ministre Riester a également rappelé que pourront rouvrir dès le 11 mai les librairies, disquaires, bibliothèques, médiathèques, galeries d'art, ainsi qu'un certain nombre de musées et monuments historiques s'il respectent les consignes sanitaires (gestes barrière, gestion des flux et normes spécifiques édictées par des registres professionnels).
Bien entendu, les attentes restent très grandes pour les salles de cinéma et les théâtres. Elles ne savent toujours ni quand ni comment rouvrir (à commencer par la plus grande d'entre elles) : il s'agira donc pour le Gouvernement de "définir dans chaque discipline quelles sont les normes sanitaires à prendre pour une réouverture."