Mariss Jansons naît dans des conditions terribles, durant la Guerre dans la Lettonie occupée, mais à la libération, l'Union Soviétique offre à son père Arvīds Jansons un poste d'assistant chef à l'Orchestre philharmonique de Leningrad. Le jeune Mariss fait ses études musicales dans le conservatoire de cette ville. Travailler le violon et le piano lui donne les compétences et l'envie pour prendre la baguette. Il parachève sa formation en direction d'orchestre dans deux capitales musicales où il reviendra plus tard, au faîte de sa carrière : Vienne et Salzbourg. Mais avant cela il marche dans les pas de son père, revenant en 1973 prendre son même poste de chef assistant dans sa même ville de Léningrad. 

Sa première direction musicale de plein titre lui est confiée au Philharmonique d'Oslo en 1979, il est ensuite premier chef invité du Philharmonique à Londres en 1992, et directeur du Symphonique de Pittsburgh en 1997. S'il franchit ainsi l'Atlantique, c'est une manière de confirmer son statut et son rôle passerelle entre l'Est et l'Ouest : rôle auquel le prédestinait sa naissance dans un pays Balte, appartenant à l'URSS mais regardant vers l'Europe, sacerdoce qu'il confirma par sa maîtrise du répertoire russe (Chostakovitch notamment) comme du répertoire et de la culture musicale austro-germanique.

S'il accoste de nouveau à un bon port en Europe, dirigeant de 2004 à 2016 l'Orchestre royal du Concertgebouw d'Amsterdam, c'est son mandat de chef principal de l'Orchestre symphonique de la Radiodiffusion bavaroise (dont il tenait les rênes depuis 2003) qui assied définitivement son statut artistique.

Réputation confirmée par le privilège rarissime d'être invité par trois fois à diriger le concert du Nouvel An à Vienne (2006, 2012 et 2016).

Mariss Jansons était évidemment un grand habitué du Festival de Salzbourg. Il devait notamment porter une série annuelle d'opéras russes. Mais après Lady Macbeth du district de Mzensk de Chostakovitch mis en scène par Andreas Kriegenburg avec Nina Stemme, Dmitry Ulyanov et Maxim Paster qu'il dirigea à l'été 2017, puis La Dame de Pique de Tchaïkovski avec Brandon Jovanovich, Vladislav Sulimsky, Igor Golovatenko, ou encore Evgenia Muraveva dans une mise en scène d'Hans Neuenfels en 2018, le chef avait été contraint par ses médecins d'annuler ses concerts de l'été 2019 (avec également les BBC Proms). Il était programmé à Salzbourg en 2020 pour Boris Godounov de Moussorgsky (version réorchestrée par Chostakovitch), mis en scène par Christof Loy avec Ildar Abdrazakov et un riche plateau vocal slave.

Preuve de son dévouement musical jusque dans les dernières semaines de son existence, Mariss Jansons offrait encore un concert au public parisien le 31 octobre dernier, à la Philharmonie, avec son Orchestre bavarois ainsi que Rudolf Buchbinder au piano, le tout dans un programme déchirant évidemment le rideau de fer avec Chostakovitch (Symphonie n°10) Weber et Beethoven (Ouverture d'Euryanthe et Concerto pour piano n°2).

Mariss Jansons Letton nest plus,il est parti cette nuit à lâge 76 ans, ici à la philharmonie de Paris 31 octobre dernier ses pas hésitants trahissaient comme un épuisement, il aura été jusquau bout de sa passion et nous a donné beaucoup démotions, reposez en paix Maestro pic.twitter.com/iqUvmqwbb6
— wolfiejmp (@wolfiejm) 1 décembre 2019

Symphonie n°4 de Tchaikovsky, Orchestre Philharmonique d'Oslo (1979)

Symphonie n° 2 de Mahler avec Ricarda Merbeth (soprano) Bernarda Fink (mezzo-soprano), Orchestre Royal du Concertgebouw, Chœur de la Radio Néerlandaise 

Don Juan de Richard Strauss & Wesendonck-Lieder de Wagner avec Nina Stemme, Orchestre Philharmonique de Vienne (Festival de Salzbourg, 2012) 

Symphonie fantastique de Berlioz, Orchestre symphonique de la Radiodiffusion bavaroise (BBC Proms 2013) 

Une vie de héros, Richard Strauss, Orchestre symphonique de la Radiodiffusion bavaroise (2011)

Symphonie n°9 de Dvořák, Orchestre symphonique de la Radiodiffusion bavaroise (2015)

Symphonie Alpestre de Richard Strauss, Orchestre symphonique de la Radiodiffusion bavaroise (2016)