Mort de Franco Zeffirelli, baptisé par amour de Mozart
Fruit d'un amour adultère, sa mère Alaide Garosi ne put lui transmettre son propre nom ni celui de son père, mais elle lui offrit au moins son amour de Mozart en le baptisant Zeffiretti (un hommage aux "petites brises" chantées dans l'Idoménée de Mozart). Une erreur de transcription sur le registre de naissance transforme ce nom en Zeffirelli.
Son parcours est très tôt placé sous les augures de Shakespeare : suite à la mort de sa mère lorsqu'il avait 6 ans, Zeffirelli grandit avec les expatriés anglais de Florence. Son premier film en tant que réalisateur est The Taming of the Shrew (La Mégère apprivoisée, 1967), une comédie romantique sur la pièce homonyme de Shakespeare (un auteur également capital pour son travail à l'opéra). C'est d'ailleurs avec son film Roméo et Juliette, l'année suivante, qu'il connaît son premier triomphe, public comme critique (il enchaîne ensuite sur deux autres adaptations de Shakespeare puis des films aux thèmes religieux).
Mais dès les années 1950, Franco Zeffirelli met en scène des opéras, aussi bien dans son pays, son continent européen qu'aux États-Unis. D'abord assistant de Luchino Visconti, c'est par la scénographie qu'il fait ses armes pour devenir metteur en scène à plein titre. À l'image de sa carrière filmique, l'opéra le rend d'abord célèbre pour des œuvres comiques d'un grand maître : les opéras buffa de Rossini. Toutefois, la rencontre avec La Callas vient tout changer et laisse au monde une production historique : La Traviata à Dallas (Texas, USA) en 1958. L'autre production de légende avec la même interprète pour un autre chef-d'œuvre du bel canto et sur laquelle des documentaires entiers ont été réalisés est la Tosca de Londres en 1964 (avec le "Vissi d'arte", inoubliable comme la confrontation entre Callas et Tito Gobbi : "Voici le baiser de Tosca").
D'autant que la même année, Zeffirelli signe la production pour l'ultime Norma de Callas à l'Opéra de Paris.
Zeffirelli travaille avec les plus grands artistes lyriques, notamment une autre Diva, Dame Joan Sutherland qu'il dirige en Lucia di Lammermoor de Donizetti dès 1959 (au Royal Opera House de Londres).
Alliant ses talents de metteur en scène à l'opéra et de réalisateur cinématographique, Zeffirelli signe plusieurs versions filmées d'opéra, notamment avec Placido Domingo : Cavalleria Rusticana & Pagliacci en 1982, La Traviata en 1983, Otello en 1986 :
Au Metropolitan Opera House de New York, les mises en scène de Zeffirelli s'imposent comme d'indémodables classiques : Tosca, Turandot, Don Giovanni, La Bohème dont nous vous rendions compte encore la saison dernière. Deux productions de Zeffirelli sont d'ailleurs programmées au Met la saison prochaine (avec là encore les plus grands artistes de leur génération).
Assurément le plus beau des hommages.