Guillaume Andrieux : « Que la musique reste toujours un plaisir »
Guillaume Andrieux, vous répétez actuellement Le Barbier de Séville de Rossini au Théâtre des Champs-Élysées. Vous y interprétez deux rôles en alternance : Fiorello dans la première distribution et Figaro dans la seconde. Où en êtes-vous dans les répétitions ?
Nous réglons actuellement la toute fin de l'opéra : il ne nous reste plus que le final de l'Acte II, la fin de l'air du Comte. Nous aurons ensuite tout vu avec les deux distributions.
Dans la première distribution, vous chantez avec Florian Sempey, qui est actuellement le Figaro le plus en vue sur les scènes internationales (retrouvez son interview à Ôlyrix ici). Avez-vous pu vous inspirer de son travail ?
C’est vrai que Florian est un magnifique Figaro et un des titulaires du rôle actuellement. Il est donc bien sûr intéressant de travailler à ses côtés. À ce stade il porte en lui son personnage. D’autre part, j'essaye de me détacher de ce que je vois pour trouver ma propre identité dans ce rôle, avec ma sensibilité. Quoi qu’il en soit, nous avons des caractéristiques différentes, tant en terme de timbre de voix, de morphologie, d’occupation de l’espace. De fait, ce que nous produisons est forcément différent.
Quelle est la vision du personnage que vous défendrez dans cette production ?
Vocalement, c'est un rôle qui tombe très bien dans ma voix parce que je suis un baryton plutôt aigu : Figaro est donc une bonne porte d'entrée pour le répertoire italien à mon âge. D'un point de vue dramaturgique, Laurent Pelly a ici une vision à l’opposé du Figaro jovial : il en fait un Figaro plutôt sombre, mauvais garçon. Sa motivation auprès du Comte est essentiellement pécuniaire, ce qui est tout à fait cohérent avec le livret. Cela donne au personnage quelque chose d’à la fois plus obscur et plus cynique.
Que pouvez-vous nous dire de la mise en scène de Laurent Pelly, au-delà du traitement du personnage de Figaro ?
C'est une mise en scène hors temps, onirique, loin de tout folklore espagnol. Il a créé quelque chose d'assez neutre, avec un concept bien à lui. Nous évoluons sur de grandes partitions, les personnages, vêtus de noir, se détachent du décor tels des notes de musique. C'est à nous de travailler notre imaginaire pour lui donner vie.
Laurent Pelly a un goût particulier pour le répertoire comique : cela se ressent-il dans son travail ?
Il a effectivement ce goût de l'effet, de la précision. Il nous répète qu'il ne veut pas que nous soyons drôles. Ce qui devient drôle, c'est la précision et les effets millimétrés que nous travaillons. Tout le comique part de là. Si on essaye d'en faire plus, ce n'est pas forcément ce qui va faire rire le public.
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Est-ce un rôle que vous aviez dans votre liste d’envies depuis longtemps ?
C'est un rôle qui me plaisait mais dont je me sentais un peu loin. Il y a quelques années, j'ai chanté le final de l'Acte I en version concert au conservatoire. Toutefois, c'était pour moi un rôle sacré. Je souhaitais alors acquérir davantage de maturité pour aborder ce répertoire. Figaro est un rôle que tout le monde connaît et pour lequel le chanteur est très attendu. Je voulais vraiment être prêt à l’aborder et surtout pas me précipiter.
Maintenant que vous l’avez appréhendé, pensez-vous qu’il s’agira d’un rôle clé de votre répertoire ?
C'est en effet un rôle dans lequel je peux désormais pleinement m'épanouir : j’aimerais beaucoup le faire voyager !
Il s'agit de vos débuts au TCE. Quelles spécificités voyez-vous à cette maison ?
Les répétitions en studio sont semblables dans tous les théâtres, du moins tant que nous n’avons pas investi le plateau. Nous sommes entre nous avec le metteur en scène et toute l'équipe artistique. Lorsque nous commencerons les répétitions sur le plateau, l'atmosphère de la salle du Théâtre des Champs-Élysées sera sans doute très particulière.
Avez-vous déjà fréquenté le TCE en tant que spectateur ?
Oui. La première fois que je suis venu au Théâtre des Champs-Élysées, c'était pour voir Pelléas et Mélisande en 2007, avec Jean-François Lapointe. C'était un cadeau d'anniversaire : cela reste un très bon souvenir!
Vous reviendrez le 2 Mai 2018 au TCE dans le rôle-titre de Pelléas et Mélisande en version de concert. Que représente ce rôle pour vous ?
J’ai déjà chanté plusieurs fois ce rôle et j'espère qu’il restera un fil rouge auquel je reviendrai régulièrement. J'ai pris le rôle de Pelléas dans une version mise en scène par Christian Schiaretti et dirigé par Jean-Claude Malgoire à l'Atelier Lyrique de Tourcoing en 2015. Ce travail sur l’œuvre m'a beaucoup nourri. Dans une version concert, nous n'avons pas autant de supports, mais l'imaginaire que j'ai pu développer lors de mes premiers contacts avec le rôle m'enrichit. Pelléas est un long dialogue accompagné. Aussi, le plus important pour moi reste le texte, la diction, ce français de Maeterlinck, si particulier. La musique de Debussy nous aide énormément. Ensuite, nous n'avons qu'à nous laisser transporter. Pelléas est un personnage qui peut paraître un peu pâle, j’aime lui donner du relief afin de ne pas tomber dans une version trop feutrée voire lunaire. Il me plaît de construire un personnage un peu plus complexe.
Le personnage de Pelléas est-il pour vous un enfant, comme le dit Golaud ?
C’est un jeune adulte, à la sortie de l'adolescence. Il cherche à s’affirmer, à prendre enfin une décision, chose qu’on ne lui permet pas. Dès le début de l’opéra, il est celui à qui l'on dit ce qu'il faut faire, et pour la première fois au quatrième acte de l’opéra, il fait un choix : celui de partir. C'est ce choix qui va fatalement précipiter sa mort.
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Stéphane Degout a longtemps été la référence du rôle, mais il a annoncé qu’il ne le chanterait plus. Vous dites-vous qu’il y a une place à prendre ?
Stéphane a marqué ce rôle ces dix dernières années. Lui et moi avons des voix différentes bien que nos tessitures soient proches, mais ayant dix ans de plus que moi, il a davantage d'étoffe. C’est un exemple à suivre et j'espère pouvoir faire autant de Pelléas qu'il a pu en faire.
Le fait que vous veniez trois fois au TCE (avec le rôle de Wagner dans Faust, à réserver ici) cette saison est-il le fruit d'un hasard où est-ce le résultat d'un coup de foudre artistique avec Michel Franck ?
Michel Franck est responsable de la distribution du Barbier. S'il m'a programmé pour interpréter Fiorello et Figaro, c'est qu'il doit m'apprécier ! En revanche, à ma connaissance, ce sont les producteurs qui décident pour les versions concert : Les Grandes Voix pour Pelléas et le Palazzetto Bru Zane pour Faust.
La version concert est un exercice particulier, la partition vous est-elle vraiment utile ?
Avoir sa partition sur scène peut être à double tranchant. Cela apporte une sécurité et de la confiance supplémentaire. Mais des fois, alors même que l’on connait la partition par cœur, le fait de l'avoir nous conduit à la regarder. Si on s’en est passé pendant un moment, on n’est plus à la bonne page et ce peut être perturbant. Je dirais que la véritable utilité de la partition en concert est de pouvoir y lire ses annotations.
Que notez-vous sur votre partition ?
Ce peuvent être des informations relatives aux nuances, à l'état d'esprit du personnage, à des phrasés, à des respirations particulières. Dans le cadre de versions mises en scène, il peut également y avoir des informations concernant des déplacements. Enfin, il peut y avoir des indications de couleurs, d’images pour nourrir notre imaginaire.
Vous serez face à la Mélisande de Sabine Devieilhe. Qu’attendez-vous de cette collaboration ?
Nous avons fait nos études au Conservatoire ensemble, et nous avons déjà chanté ensemble dans L'enfant et les sortilèges, La Flûte enchantée, et pour ma prise de rôle de Pelléas. Nous sommes amis et nous nous entendons très bien, aussi bien humainement que musicalement. Cela facilite les choses. Sabine est une musicienne extraordinaire, et lorsqu'elle donne la réplique il n'y a plus qu'à se mettre dans le même esprit qu'elle. C'est également quelqu'un qui se nourrit beaucoup des autres. Aussi, y'a-t-il un véritable dialogue qui se fait entre elle et moi. Musicalement, nous avons tous les deux des timbres clairs, assez solaires, qui conviennent bien aux personnages de Pelléas et Mélisande, qui sont tournés vers la lumière. Je pense qu'au niveau du physique même, nous nous complétons bien. Nous ne sommes pas grands tous les deux. Avec un Golaud représenté généralement assez grand et large d'épaule, on comprend mieux pourquoi Mélisande se rapproche naturellement de Pelléas.
Revenons sur votre carrière. Vous avez débuté par du chant choral : quels souvenirs en gardez-vous ?
Je suis entré dans la Maîtrise de l'Opéra de Lyon à l'âge de 7 ans. Je chantais beaucoup en chœur, et j'ai été amené rapidement à interpréter des rôles d'enfant soliste. La pratique chorale est, à mon sens, très importante dans une formation de chanteur parce qu'elle apprend à être à l'écoute, à chanter avec ses partenaires. C'est quelque chose qui est constamment présent à l'opéra, dans des ensembles. Acquérir ces habitudes au départ permet ensuite de se fondre dans un groupe plus facilement.
Comment l'idée de devenir soliste vous est-elle venue ?
Dès l'enfance, j'ai endossé des rôles solistes. Aussi ai-je rapidement eu l'habitude d'être mis en avant. C'est vite devenu quelque chose de naturel, comme la pratique du chœur. J'apprécie les sports collectifs pour l'esprit d'équipe et je trouve que c’est aussi essentiel dans le chant, y compris lorsqu'on est soliste, parce que nous ne sommes jamais seul. Nous sommes toujours accompagnés par l'orchestre, le piano, les partenaires. On interagit les uns avec les autres, et c’est notre devoir de faire attention aux autres et à tout ce qui nous entoure.
L'envie de devenir chanteur lyrique vous est-elle venue assez tôt ?
C'est venu assez naturellement. Au lycée, j'hésitais avec le cinéma, le sport ou une filière scientifique comme la paléontologie. Finalement, le chant était ce que je faisais naturellement depuis que j'étais enfant. Par chance, toutes les portes se sont ouvertes pour moi au bon moment.
Quelles sont ces portes qui ont été déterminantes pour vous ?
J'ai d'abord intégré un chœur de jeunes juste après la mue, puis le CRR de Lyon, et enfin je suis entré au CNSM à 20 ans, du premier coup. À la fin de mon cursus, j'ai tout de suite trouvé mon agent, qui était dans le jury de mon prix de fin d'études. Il y a donc des choses qui se sont enchaînées assez logiquement. Et je pense que la chance des rencontres fait beaucoup pour l'avancée dans une carrière.
Parmi vos rencontres, vous citez votre agent. Y a-t-il d'autres rencontres qui ont participé au lancement de votre carrière ?
Il y a eu beaucoup de rencontres marquantes. Je peux citer Ruben Lifschitz qui m'a ouvert les yeux à la fois sur le texte et la musique avec cet esprit aiguisé, immensément cultivé, son humour et son génie musical qui m’accompagnent malgré son départ il y a un an. C'est l'une des plus belles rencontres musicales que j'ai pu faire.
Quelles productions ont été les plus importantes pour votre carrière ?
En 2011, à 25 ans, j'ai chanté pour la première fois sur une scène nationale, à l’Opéra de Bordeaux, dans Les Enfants Terribles de Philip Glass, opéra que je ne connaissais pas. Cette production m'a transporté. L'équipe artistique était brillante, les collègues fabuleux, nous étions une véritable troupe… Je citerais également La Flûte enchantée à l'Opéra de Lyon dans laquelle je chantais Papageno. Je me sentais un peu comme à la maison, ayant côtoyé cet opéra depuis la Maîtrise. J'avais à l'époque chanté l’un des garçons de la Flûte. Y retourner en Papageno était, dans un sens, un rêve qui s'accomplissait. Enfin, je peux citer mon premier Pelléas. On m'avait beaucoup parlé de ce rôle, et le fait de finalement y arriver était un moment très émouvant.
Vous avez chanté l'été dernier au Festival d'Aix-en-Provence. Que retenez-vous de cette expérience ?
J'avais déjà chanté à Aix en 2012 dans L’enfant et les sortilèges. J’y ai même été doublure des trois garçons dans la Flûte en 1995. C'était une expérience incroyable. J'avais neuf ans ! Être baigné dans ce Festival était magique ! J’étais donc ravi d’y retourner cet été pour Carmen. Il y a une ambiance particulière à Aix. Nous avons la chance de pouvoir assister à cinq productions en un temps condensé et de croiser une multitude d'artistes.
La mise en scène de Carmen était très particulière. Qu'en avez-vous pensé ?
J'ai adoré travailler avec Tcherniakov. Son concept est ce qu'il est, mais il a le mérite d'aller au bout de son idée. C'est quelqu'un de très précis sur la direction d’acteur, qui sait exactement ce qu'il veut. Il connaît la musique par cœur, et sait exactement quel mouvement il va y avoir sur chaque phrase. J'imagine que cela peut être frustrant car nous tenons à notre propre espace de liberté sur scène, mais j'ai trouvé ce travail passionnant. Dans les exemples qu’il mimait, dans les intonations de sa voix et dans sa manière de nous regarder, il nous transmettait énormément de choses.
Son concept vous a-t-il intéressé ?
Oui, je l'ai trouvé très intéressant. Je pars toujours du principe qu'il en faut pour tout le monde : des mises en scènes traditionnelles jusqu'à des mises en scène plus avant-gardistes. En l’occurrence, des choses différentes se jouaient par rapport à des versions traditionnelles. À mon sens, cela a sublimé certains moments, et particulièrement le rapport entre Carmen et Don José. On a expérimenté des choses jamais vues dans Carmen. Je comprends que cela puisse choquer, mais personnellement, j'aime beaucoup être surpris, et le résultat m'a convaincu.
Cet opéra a été diffusé à la télévision. Avez-vous ressenti quelque chose de particulier lors de ces représentations diffusées ?
On ressent beaucoup de stress dans l'équipe quand il y a une captation : en général, ce ne sont pas les meilleures représentations. On sait que ça va être gravé dans le marbre, donc on a tendance à se mettre une certaine pression.
En quoi le travail est-il différent avec Tcherniakov et avec Pelly ?
Ils n'ont pas du tout la même manière de travailler. Laurent Pelly s'adapte plus aux personnes qu'il a en face de lui. Il cherche avec nous et est ouvert aux propositions. Tcherniakov a tout en tête dès le départ. Les deux partagent toutefois une manière humoristique d'aborder les choses.
Vous avez été mis en avant par votre nomination aux Victoires de la Musique Classique dans la catégorie révélation lyrique en 2016. Que vous êtes-vous dit lorsque vous avez appris cette nomination ?
C'était très flatteur. Nous sommes beaucoup de jeunes chanteurs, dont beaucoup chantent merveilleusement bien et mériteraient autant que moi cette nomination. Après, cette machine des Victoires est quelque chose d’assez stressant. On sait que beaucoup de personnes vont regarder, et on n'a pas le droit à l'erreur. Aussi, ce ne sont pas forcément les conditions les plus évidentes pour nous exprimer pleinement.
Que retenez-vous de votre passage ?
Il m'a fait comprendre que mon véritable plaisir, c'est d'être sur scène, et pas devant une caméra de télévision. J'aime sentir la relation avec le public. Malgré tout, il est vrai que l'exposition à la télévision ou sur internet est formidable. Savoir que ce que l’on produit va rester à jamais gravé est une chose avec laquelle nous devons apprendre à vivre. Ceci dit, c'est moins gênant dans le cadre d'une représentation parce que nous sommes dans une ambiance de spectacle. À la télévision, même s'il y a un public, tout est orienté vers le téléspectateur. On sent la barrière entre les deux domaines.
Quelle prise de rôle aimeriez-vous que l'on vous propose ?
Les rôles m’importent peu. J'ai déjà eu la chance de faire les rôles qui m'ont toujours fait rêver, c'est-à-dire Papageno dans La Flûte Enchantée, Pelléas ou encore le Comte dans les Noces. J'aimerais bien chanter à nouveau ce dernier, que j'avais interprété lors de mes études au CNSM. Cela demande un petit peu plus de maturité, mais c'est un rôle auquel je souhaiterais revenir prochainement. Cependant, j’adore me laisser surprendre. J’ai par exemple chanté l’an dernier dans deux opéras de Gian-Carlo Menotti que je ne connaissais pas : c'était une découverte incroyable et un vrai coup de cœur tout comme l'opéra de Philip Glass. Et puis, parfois, un rôle ne m'attire pas particulièrement au premier abord, mais en le travaillant, je finis par y découvrir des aspects magnifiques. Je laisse le hasard faire son devoir et j'essaye de trouver mon bonheur avec les choses qui viennent.
Les créations contemporaines vous intéressent-elles ?
Oui : j'ai fait quelques créations comme La dispute de Benoît Mernier à La Monnaie en 2013. Pour moi, c'est quelque chose de très particulier parce qu'on est en contact direct avec le compositeur : si quelque chose ne va pas, nous pouvons en discuter avec lui et construire avec lui, ce qui est assez inhabituel et très appréciable.
Avez-vous réfléchi à un plan de carrière ?
En termes de répertoire, dans les premières années de carrière je me suis orienté naturellement vers le répertoire baroque, mozartien, le répertoire français, la création contemporaine. Le répertoire romantique ou belcantiste, qui demande des voix plus mûres, plus puissantes, s'appréhende plus tard, avec l'âge. Nous avons le privilège, contrairement aux sportifs par exemple, d’être encore dans nos premières années de carrière à 30 ans. La principale chose, à mon sens, est de ne pas se précipiter, de prendre son temps.
Quels sont les risques que vous vous autorisez et ceux que vous ne vous autorisez pas ?
À chaque fois, j’essaye de voir un petit peu plus loin que ce que j’ai fait précédemment. Il m’est arrivé d’aborder un rôle trop tôt, mais le fait de l'avoir fait m'a fait progresser sur beaucoup de choses. Ainsi, j'ai recréé le rôle d’Aben Hamet de Théodore Dubois, avec Jean-Claude Malgoire à Tourcoing. Il s’agit d’un opéra romantique de la fin du XIXe siècle. J'avais 28 ans mais Jean-Claude m'a persuadé de tenir ce rôle, en me disant que c'était joué avec un orchestre réduit, dans une petite salle. J’ai beaucoup appris.
Au-delà de ces expériences, quel bilan faites-vous aujourd'hui de votre carrière ?
Je suis très chanceux de faire ce que je fais, d'avoir eu l'opportunité de toucher à des répertoires différents, et de faire de merveilleuses rencontres. J'ai toujours connu de superbes ambiances dans les différentes productions que j'ai faites. Si tout était à refaire, je ne changerais rien, parce que toutes mes expériences, bonnes ou moins bonnes, m'ont amené là où je suis. Il faut simplement être en accord avec son propre parcours et tirer les leçons de ce que l'on fait de bien ou de mal.
Sur quel aspect souhaiteriez-vous travailler pour progresser et franchir un palier ?
Le travail de la voix, la ligne vocale où le souffle est constant. Il est important de trouver le bon entourage pour progresser en confiance. Or, lorsqu'on voyage beaucoup, trouver un professeur de chant n'est pas forcément évident. Quand on ne prend un cours de chant que tous les six mois, on a tendance à se perdre un peu. On peut dévier facilement de la bonne trajectoire, il est donc important d'avoir quelques piqûres de rappel.
Est-ce difficile de trouver un équilibre de vie quand on est chanteur ?
Le chant, l'opéra et la musique sont des choses très importantes dans ma vie, mais elles ne la dictent pas. J'aime tous les aspects de la vie : découvrir, voyager, passer du temps avec ma compagne, mes amis et ma famille, sortir, faire du sport. Il ne faut pas se focaliser exclusivement sur sa carrière. Ce métier peut prendre beaucoup de place et générer son lot d’angoisse. Une audition en demi-teinte, une critique mitigée ne sont pas des moments agréables. Le chant est très subjectif. On sait qu'on ne peut pas plaire à tout le monde, et même les plus grands chanteurs ont leurs détracteurs. Il faut se faire une raison. Ce qui compte, c’est d'être entouré de personnes bienveillantes qui nous aident à ne pas oublier que la musique sera toujours un plaisir.