En attendant la mort
L'idée d'écrire un opéra sur le célèbre roman Eugène Onéguine (1833) d'Alexandre Pouchkine serait venue en mai 1877, soumise à Tchaikovski par la contralto Ielisaveta Lavrovskaïa. Le compositeur écrit en une nuit un scénario de l'opéra et le confie au librettiste Constantin Shilovsky. Le livret respecte le style de Pouchkine (certains vers sont même cités dans l'opéra) sans pour autant suivre scrupuleusement la trame d'origine : seuls certains passages du roman sont retenus, d'où l'appellation « scènes lyriques ». Composé entre juillet 1877 et janvier 1878, l'opéra est contemporain de la Quatrième symphonie. Eugène Onéguine est le cinquième des onze opéras de Tchaïkovski, à une période compositionnelle particulièrement féconde. Celle-ci peut s'expliquer par l'indépendance financière que le compositeur a acquise grâce à la pension mensuelle que lui verse Nadejda von Meck, une riche aristocrate qui devient sa mécène dès 1877.
Dans Au lieu dit, Lenski attend Onéguine, jetant un regard mélancolique sur sa vie. Sentant sa mort proche, il espère qu’Olga se souviendra de l’amour qu’il lui a porté (« Kouda, kouda, kouda vy oudalilis’ »), Tatiana s'éprend d'Eugène Onéguine, un ami de Lensky, le fiancé de sa sœur Olga, et lui écrit une lettre passionnée. Mais Onéguine courtise Olga et est provoqué en duel par son ami Lensky, qu'il tue. Plusieurs années plus tard, il recroise le chemin de Tatiana qu'il avait autrefois éconduite. Lensky se dévoue à sa fiancée Olga et à son meilleur ami Onéguine, jusqu'au jour de l'anniversaire de Tatyana où il est victime des provocations d'Onéguine. Il entre dans une jalousie aveugle lorsqu'il voit son ami papillonner avec Olga et le provoque en duel, reniant leur amitié de manière irrémédiable. Tourmenté par cette trahison d'Onéguine et d'Olga pendant le bal, puis par la peur de ne pas sortir vivant du duel contre son meilleur ami, Lensky est un poète ainsi qu'un personnage aux sentiments sincères et vifs.
Piotr Beczala interprète aujourd'hui Lensky mis en scène par Deborah Warner et sous la direction de Valery Gergiev au Metropolitan Opera House de New York :
Cet air se situe au centre de l'oeuvre (Acte II), peu de temps avant le duel opposant Lensky et Onéguine. Au lieu dit, Lensky attend Onéguine, jetant un regard mélancolique sur sa vie. Sentant sa mort proche, il espère qu’Olga se souviendra de l’amour qu’il lui a porté (« Kouda, kouda, kouda vy oudalilis’ »).