Amour paternel
C'est d'abord la dualité inhérente à Rigoletto qui caractérise le personnage de l'ouvrage de Verdi : il est d'abord le bouffon qui divertit la Cour de Mantoue, réputé pour son sens de la répartie. Mais il est aussi le père protecteur de Gilda. S'il paraît parfois crédule, et en particulier lorsqu'il se fait piéger par les courtisans du Duc qui capturent sa propre fille, Rigoletto n'en est pas moins conscient des dangers à venir, que ce soit pour Gilda ou pour lui-même : le personnage est hanté par la malédiction prononcée à son encontre par le Comte de Monterone. Sur le plan vocal, le rôle de Rigoletto nécessite autant une puissance dramatique (sur les interjections « Maledizione! ») qu'une conduite lyrique et expressive, et s'inscrit dans la même lignée vocale que ceux de Macbeth ou de Giorgio Germont, tous trois créés par l'historique baryton Felice Varesi (1813-1889).
Le magistral Dmitri Hvorostovsky (auquel nous avons consacré une série d'airs du jour suite à son brusque départ) interprète au Gala du 50e anniversaire du Metropolitan Opera House l'air "Cortigiani, vil razza dannata" :
Dans cet air, Rigoletto supplie les courtisans qui bloquent la porte d'entrée de la chambre du Duc dans laquelle se trouve sa fille, de le laisser entrer à l'intérieur afin de la secourir.