Le fardeau de la liberté
Ariane et Barbe-Bleue est un opéra de Paul Dukas écrit sur un livret de Maeterlinck, lui-même inspiré d'un conte de Charles Perrault. Alors que le compositeur en écrit les premières mesures en 1899, il lui faudra 7 ans pour achever son œuvre, créée à l'Opéra Comique le 10 mai 1907.
Au sujet de la signification de son œuvre et du personnage d'Ariane, Paul Dukas écrit en 1910 dans un numéro de la Revue Musicale : « Personne ne veut être délivré. La délivrance coûte cher parce qu’elle est l’inconnu et que l’homme (et la femme) préférera toujours un esclavage "familier" à cette incertitude redoutable qui fait tout le poids du "fardeau de la liberté". Et puis, la vérité est qu’on ne peut délivrer personne : il vaut mieux se délivrer soi-même. Non seulement cela vaut mieux, mais il n’y a que cela de possible. »
Le nœud entier de l'opéra est concentré autour de cette affirmation. Ariane souhaite en effet rendre la liberté aux femmes captives de Barbe-Bleue. Or, ces dernières refusent de mettre un terme au joug qui les attache. Tout le drame provient de cette tension entre la volonté individuelle libératrice d'Ariane et la résolution des autres femmes dans la servitude et l'oppression.
Découvrez le final de l'Acte II dans une production de Claus Guth au Liceu de Barcelone. Malgré les réticences des captives, Ariane les prie de la suivre vers l'extérieur. La lumière, le son des vagues, des arbres et le chant des oiseaux atteignent leur sens.