Lorsque Wagner écrit son livret pour Tristan et Isolde, il se base sur la version du mythe de Tristan et Iseut de Gottfried von Strasbourg. Toutefois, il effectue quelques modifications du mythe de l’auteur allemand tant dans la structure que dans l’histoire. Le but principal de cette démarche est de condenser le drame et de le recentrer autour d’une figure principale : celle d’Isolde. Dans son œuvre, Wagner réinvente le drame de Tristan et Iseult en amplifiant des grands thèmes déjà présents dans l’histoire et en leur donnant une nouvelle intensité. Il fait le pari de mettre en scène l’aboutissement de la passion des héros où le philtre du mythe devient la matérialisation d’une métaphore poétique : il devient le symbole de la passion et l’amour, et non plus un « simple » breuvage magique.

Retrouvez le duo "O sink hernieder, Nacht der Liebe" interprété par la soprano Kirsten Flagstad et par le ténor Ludwig Suthaus, sous la direction de Wilhelm Furtwängler.

Le roi Marke de Cornouailles charge son héritier Tristan de lui ramener sa promise, la Princesse d’Irlande Isolde. Mais l’absorption d’un philtre d’amour par Tristan et Isolde les fait tomber amoureux l’un de l’autre. Ils se jurent alors fidélité jusque dans la mort.

Dans cet air, extrait de l'Acte II du drame wagnérien, les amants se dévoilent leur amour. Pour Tristan, le jour, monde de la cour, est un monde du faux qui les sépare continuellement. Ce n’est que dans la nuit qu’ils peuvent se retrouver, et plus particulièrement dans une nuit éternelle, symbolisant la mort. La voix inquiète de Brangäne vient perturber leur ravissement, leur prédisant un malheur (« Einsam wachend in der Nacht »). Pourtant, malgré l’aurore, les amants restent blottis l’un contre l’autre, défiant la mort (« Lausch, Geliebter ! Lass mich sterben ! »).

Retrouvez les précédents épisodes de notre série consacrée aux grands duos lyriques :
1. Revendiquer sa liberté
2. Grâce baroque
3. Rêve d’évasion
4. Une confession