La bague ensevelie
Debussy veut renouveler l’opéra comme il renouvelle le reste de la musique. Très sensible à la poésie et à ses incarnations modernes, il fréquente les salons et notamment celui du poète Mallarmé (qui lui inspire son premier chef-d’œuvre : le Prélude à l’Après-midi d’un faune). Il découvre Pelléas et Mélisande écrit par Maurice Maeterlinck dès 1892, d’abord en lisant la pièce dans la Librairie Flammarion, Boulevard des Italiens, puis l’année suivante sur la scène du Théâtre des Bouffes-Parisiens. Il est enthousiasmé par cette esthétique symboliste qui correspond à sa vision de la musique et du drame : intemporelle, disant les choses à demi. Le compositeur emploie donc toute la nouveauté de sa palette sonore éloignée de la traditionnelle tonalité, jouant à la frontière des tons et des modes anciens ou exotiques, de rythmes souples.
Debussy nomme son opéra un « drame lyrique ». L’ajout d’une dimension intimiste au drame est une façon de sortir de l’alternative entre le « grand opéra » à la française ou bien la musique wagnérienne. Les liens à Wagner sont toutefois flagrants. La pièce de théâtre de Maeterlinck déjà est une transposition du mythe de Tristan et Yseult : deux héros vivent un amour rendu impossible par la présence d’un mari, plus vieux et jaloux. Leurs destins ne pourront se résoudre que dans la mort. Ensuite, si la mélodie de Debussy se veut une réaction contre le lyrisme de Wagner et de l’opéra romantique, le compositeur insiste lui-même sur cette volonté que la ligne et que l’action ne s’arrêtent jamais… comme dans la mélodie infinie de Wagner où les lignes vocales ne s’interrompent pas en phrases, mais restent suspendues, passent à l’orchestre et sont reprises par d’autres lignes.
Le Prince Golaud rencontre une jeune femme mystérieuse et perdue, Mélisande, et l’épouse. Mais une relation particulière s’instaure entre la jeune femme et le demi-frère de Golaud, Pelleas, éveillant une folle jalousie chez le mari.
Cet air, interprété par Natalie Dessay (Mélisande) et Stéphane Degout (Pelléas), s’inscrit au début de l’Acte II. Pelléas fait découvrir à Mélisande un espace du parc qu’il affectionne où se trouve une fontaine très profonde qui a la réputation de rendre la vue aux aveugles. Alors que midi sonne, Mélisande, jouant avec sa bague de fiançailles, la fait tomber dans l’eau. Celle-ci sombre dans les profondeurs sans qu’il soit possible aux deux jeunes gens de la récupérer.
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Retrouvez les précédents épisodes de notre série consacrée à Debussy :
1. La brebis égarée
2. Entre Ciel et Terre
3. Mélodies vaporeuses
4. Cinq poèmes de Charles Baudelaire : Le Balcon
5. Cinq poèmes de Charles Baudelaire : Harmonie du soir
6. Cinq poèmes de Charles Baudelaire : Le Jet d’eau
7. Cinq poèmes de Charles Baudelaire : Recueillement
8. Cinq poèmes de Charles Baudelaire : La mort des amants