Cinq poèmes de Charles Baudelaire : La mort des amants
« La mort » est la dernière section des Fleurs du mal de Baudelaire. Elle est la dernière force permettant au poète d'échapper au spleen. Dans « La mort des amants », il évoque l'idée d'un bonheur futur pour les amants dans une réalité autre que celle dans laquelle ils ont vécu. Reprenant l'opposition entre spleen et idéal, le poète voit dans la mort ce par quoi les amants peuvent connaître un véritable bonheur amoureux, inaccessible dans la vie terrestre. Hors du temps et de l'espace, dans une réalité pleine d'onirisme (mais non sans lien avec la réalité sensible avec les fleurs et les symboles de volupté), ces derniers expérimentent une véritable harmonie. Claude Debussy reprend à merveille l'atmosphère du poème de Baudelaire. Un charme mystérieux émane de la mélodie qui, teintée d'harmonies majeures, paraît signifier l'espoir du texte baudelairien.
La mort des amants
Nous aurons des lits pleins d'odeurs légères,
Des divans profonds comme des tombeaux,
Et d'étranges fleurs sur des étagères,
Écloses pour nous sous des cieux plus beaux.
Usant à l'envi leurs chaleurs dernières,
Nos deux cœurs seront deux vastes flambeaux,
Qui réfléchiront leurs doubles lumières
Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux.
Un soir fait de rose et de bleu mystique,
Nous échangerons un éclair unique,
Comme un long sanglot, tout chargé d'adieux ;
Et plus tard un Ange, entr'ouvrant les portes,
Viendra ranimer, fidèle et joyeux,
Les miroirs ternis et les flammes mortes.
Retrouvez les précédents épisodes de notre série consacrée à Debussy :
1. La brebis égarée
2. Entre Ciel et Terre
3. Mélodies vaporeuses
4. Cinq poèmes de Charles Baudelaire : Le Balcon
5. Cinq poèmes de Charles Baudelaire : Harmonie du soir
6. Cinq poèmes de Charles Baudelaire : Le Jet d'eau
7. Cinq poèmes de Charles Baudelaire : Recueillement