Dans le premier épisode, Fabrice di Falco choisissait de mettre en lumière une partie un peu moins célèbre du répertoire chanté par Christiane Eda-Pierre, il en a fait autant pour Marian Anderson qu’il a découverte grâce à sa mère, comme pour toutes les autres Divas de cette série et de sa vie : “Marian Anderson a fait une énorme carrière, et elle est une figure historique, pionnière, car elle fut la première femme noire à chanter au Metropolitan Opera House de New York, le 7 janvier 1955 (avant Christiane Eda-Pierre qui y fut la première femme noire française). 

Ce n’est pas forcément avec cet Ave Maria que Marian Anderson a laissé le plus de souvenirs, mais justement. Et il n’est pas si simple de chanter un Ave Maria, cela montre l’amplitude de sa technique vocale.

C’est aussi un hommage à la mère (la vierge Marie) comme tout ce programme est un hommage à ma mère qui m’a fait découvrir toutes ces voix. 

J’ai aussi voulu mettre en avant cet air pour rappeler les origines de la musique religieuse, l’idée sacrée de mettre du texte en musique. C’est aussi l’origine des castrats, qui sont ensuite passés de l’église aux planches de théâtres et ont donné leurs voix aux contre-ténors. C’est ici une aventure, spirituelle plus que religieuse.

Et elle résonne bien entendu avec toutes ces Divas noires : comment ces femmes sont-elles devenues chanteuses ? En allant à l’église, au temple : leur première vocalité est venue ainsi. Pour moi aussi : j’étais choriste puis soliste à la Cathédrale Saint-Louis de Fort-de-France. Et une fois arrivé en métropole, en parallèle du conservatoire de Boulogne-Billancourt et du CNSM, je chantais de la musique religieuse dans les églises de Saint-Etienne-du-Mont, Saint-Eugène et Saint-Gervais-Saint-Protais, où nous entonnions énormément de musique baroque et renaissance.”

“Cet Ave Maria par Marian Anderson (1897-1993) est aussi historique car elle l’a chanté pour la soirée de gala en 1939 devant Franklin et Eleanor Roosevelt recevant le roi George VI et la Reine Elizabeth d'Angleterre. J’apprécie énormément la richesse de sa couleur vocale. On a souvent dit que les femmes noires avaient un timbre noir, une couleur particulière. Enfin, elle comme les autres sont des comédiennes, elles ne sont pas figées (aussi car elles sont toutes nées du gospel, de la soul, du jazz : louant le Seigneur en incarnant). Elle nous rappelle que chanter c’est prier deux fois, c’est vivre deux fois.”

Parcourez l’histoire de l’opéra, des divas noires et de Fabrice di Falco avec les 10 épisodes de cette série :

1- “Ah mio cor” d’Alcina par Christiane Eda-Pierre
2- Ave Maria de Schubert par Marian Anderson
3- Lamento de Didon par Jessye Norman
4- Cinco Canciones negras par Barbara Hendricks
5- “Mon cœur s’ouvre à ta voix” de Samson et Dalila par Shirley Verrett
6- “Habanera” de Carmen par Leontyne Price
7- “Che farò senza Euridice”, Orfeo de Gluck par Grace Bumbry
8- “Si suoni la tromba / Mio tesoro” de Scarlatti par Kathleen Battle
9- “Elle a fui, la tourterelle”, Les Contes d'Hoffmann par Mattiwilda Dobbs
10- “Summertime” de Porgy & Bess par Ella Fitzgerald