5. Le Achille Lauro (La mort de Klinghoffer)

Après la création de son premier opéra Nixon en Chine en 1987 avec ses camarades Peter Sellars à la mise en scène et Alice Goodman pour le livret, le compositeur américain John Adams se lance avec les mêmes dans un nouvel opéra sur des thèmes d’actualité particulièrement périlleux, le terrorisme et le conflit israélo-palestinien.

L’opéra s'inspire de faits réels, en l'occurrence la prise en otages de centaines de touristes à bord du paquebot de croisière italien Achille Lauro en 1985 par 4 terroristes du Front de libération de la Palestine qui, après avoir détournés le paquebot et exigé la libération de 50 prisonniers palestiniens détenus en Israël, exécutent un touriste américain d’origine juive et paraplégique, Leon Klinghoffer, puis le jettent à la mer après s’être vu refuser l’entrée au port de Tartous en Syrie.

C’est Peter Sellars qui propose de s’inspirer de cet épisode tragique pour un nouvel opéra, dont la création mondiale a lieu à La Monnaie de Bruxelles le 19 mars 1991 sous la direction de Kent Nagano, avant sa création française à l'Opéra national de Lyon le mois suivant.

L’opéra, bâti autour de la prise d’otage et de l’épouse de Leon Klinghoffer, est parcouru de chœurs qui représentent les peuples juifs et palestiniens ou des environnement naturels et temporels, le tout dans les lancinantes pulsations de la musique minimaliste de John Adams.

Aux États-Unis, l’œuvre  jugée pro-palestinienne, voire antisémite et faisant l’apologie du terrorisme, fait scandale notamment chez les associations juives américaines.
Le Festival de Glyndebourne et l’Opéra de Los Angeles renoncent à monter l’Opéra, et même les origines juives d'Alice Goodman n'empêchent ni accusations ni mise au ban. La controverse est relancée en 2014 à l’occasion d’une nouvelle production au Metropolitan Opera House de New York. Son directeur Peter Gelb rejette les accusations d‘antisémitisme et maintient les représentations prévues, mais renonce à la diffusion de la nouvelle production dans les cinémas du monde entier. Pour sa part, John Adams déplore une lecture erronée de son œuvre et regrette l’annulation des diffusions dans les cinémas.

Pour sa campagne de communication, le Met avait lancé « Venez le voir. Vous déciderez après ».

En voici le puissant Chœur de la nuit chanté par The British Girls Choir.

Rendez-vous la semaine prochaine pour une nouvelle série d’#Airdujour, dédiée à la compositrice finlandaise Kaija Saariaho.