Stravinsky à l'âge néo-classique - Episode 5 : fin et suite
5. L’enfer c’est l’argent
La dernière œuvre néoclassique du compositeur russe Igor Stravinsky est l’opéra en trois actes The Rake's Progress (La Carrière du Libertin) écrite entre 1948 et 1951. Installé aux États-Unis depuis 1939, il s’entoure cette fois-ci d’un autre immigré installé en Amérique, le poète anglais Wystan Hugh Auden qui écrit le livret, puis Chester Kallman qui se rallie également à l'aventure.
Lors d’une visite du compositeur au Chicago Art Institute le 2 mai 1947, le compositeur découvre la série de huit peintures et gravures A Rake's Progress (1732-33) de William Hogarth. Elles serviront de trame à l'intrigue du dernier opéra de Stravinsky, un pacte faustien entre Tom Rockwell, amoureux d’Anne Truelove (patronyme signifiant littéralement le vrai amour) et Nick Shadow le diable tentateur. Ce dernier lui annonce qu’un héritage lui est destiné. Il quitte alors sa femme pour Londres et une vie de débauche, y rencontre des personnages inquiétants comme Baba la turque. L’opéra s’achève sur une escroquerie menée par Tom qui provoque sa ruine et sa disgrâce.
Le libertin puni pour ses mœurs dissolues est un thème récurrent du théâtre et de l’opéra classique comme notamment Don Giovanni de Mozart (une influence pour cet opéra et ce compositeur).
L’œuvre est créée à la Biennale de Venise en 1951 et sa consécration viendra d’une production du dramaturge et réalisateur Ingmar Bergman à l’Opéra royal de Suède en 1961.
Le finale du Rake's Progress est ici chanté par William Morgan en Tom Rockwell, accompagné par l'Orchestre Symphonique de l'Opéra de Göteborg et dirigé par Barbara Hannigan :
« À main, tête et cœur oisifs, le diable à tôt fait de trouver de l’ouvrage. »