nous oublions trop aisément que rien ne nous assure contre le mal
Retrouvez l'argument, les personnages et l'analyse de Dialogues des Carmélites (comme pour des centaines d'opéras sur Ôlyrix)
Tableau Deuxième - La salle du chapitre
(La communauté se réunit pour l'obédience à la nouvelle prieure. Au mur, de face, un très beau et très grand crucifix. Sous le crucifix le fauteuil de la prieure. Le long des murs, des bancs, où s'assoient les religieuses. C'est la fin de la cérémonie d'obédience)
LA NOUVELLE PRIEURE
Mes chères filles, j'ai encore à vous dire que nous nous trouvons privées de notre très regrettée mère au moment
où sa présence nous serait le plus nécessaire. Il en est sans doute fini des temps prospères et tranquilles où nous oublions trop aisément que rien ne nous assure contre le mal, que nous sommes toujours dans la main de Dieu
Ce que vaudra l'époque où nous allons vivre, je l'ignore.
J'attends seulement de la Sainte Providence les vertus modestes que les riches et les puissants tiennent volontiers en mépris - la bonne volonté, la patience, l'esprit de conciliation. Mieux que d'autres, elles conviennent à de pauvres filles que nous sommes.
Car il y a plusieurs sortes de courage, et celui des grands de la terre n'est pas celui des petites gens, il ne leur permettrait pas de survivre le valet n'a que faire de certaines vertus du maître: elles ne lui conviennent pas plus que le thym et la marjolaine à nos lapins de choux.
Je vous répète que nous sommes de pauvres filles rassemblées pour prier Dieu. Méfions-nous de tout ce qui
pourrait nous détourner de la prière, méfions-nous même du martyre. La prière est un devoir, le martyre est une récompense.
Lorsqu'un grand roi, devant toute sa cour, fait signe à la servante de venir s'asseoir avec lui sur le trône, ainsi qu'une épouse bien-aimée, il est préférable qu'elle n'en croie pas d'abord ses yeux ni ses oreilles, et continue à frotter les meubles. Je vous demande pardon de m'exprimer à ma manière, un peu à la bonne franquette.
Mère Marie de l'Incarnation, veuillez trouver la conclusion de ce petit propos...