Découverte d'Alzira de Verdi - Episode 1/10 : L'ouverture
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Alzira est un opéra de Verdi créé au Teatro San Carlo de Naples le 12 août 1845 mais depuis méconnu et même souvent malaimé. Cette tragédie lyrique est pourtant née sous les beaux auspices de Voltaire : inspirée par son drame Alzire, ou les Américains (1736).
Le livret en italien est écrit par Salvadore Cammarano, un prolifique auteur dans ce domaine qui a signé de nombreux textes, pour Donizetti (Lucia di Lammermoor, Roberto Devereux mais également les moins connus L'assedio di Calais, Belisario, Pia de' Tolomei, Maria de Rudenz, Poliuto, Maria di Rohan).
À Verdi, il offrit le texte d'autres opéras trop peu joués (et d'ailleurs également basés sur des pièces de théâtre) : La Bataille de Legnano d'après un drame de Joseph Méry et Luisa Miller d'après Schiller.
Mais Salvatore Cammarano signera également la plus grande partie du livret d'un chef-d'œuvre verdien parmi les plus souvent joués au répertoire : Le Trouvère. Sa mort empêchera au librettiste de finir le travail sur Le Trouvère, et elle empêchera aussi au compositeur Verdi de mettre à terme un projet capital qui l'accompagne toute sa vie : Le Roi Lear d'après Shakespeare.
Alors que la crise du Covid a empêché l'Opéra royal de Wallonie de remettre cet opus en lumière, plongeons dans cette série sur les 10 grands épisodes marquants d’Alzira, à commencer par le commencement symphonique, toujours capital.
L'Ouverture a une fonction essentielle dans tout opéra : elle doit poser le décor et faire entendre les thèmes musicaux qui seront repris tout au fil de l'ouvrage.
Ici, il s’agit même de faire voyager de l'autre côté de l'Atlantique, à la rencontre des Incas du Pérou luttant contre les conquistadores espagnols. La violence des conflits et des sentiments se croise entre les peuples et les individus, les rivalités sont politiques autant que sentimentales : ce que traduit à merveille la musique de Verdi.
La scène est à Lima, et dans d’autres régions du Pérou aux environs de la moitié du XVI° siècle... Une vaste plaine, qui traverse la rivière. A l'est, des nuages majestueux qui se colorent au lever du soleil.
L'ouverture d'Alzira c'est tout de même le Pérou.
En moins de deux minutes, cette introduction présente tous les caractères de l’opéra. Le début grave est mystérieux, mais bien vite soulevé d’une grande légèreté (la tonalité initiale de ré mineur cède de suite au joyeux ré majeur) avec accords pointés arpégés, tierces parallèles (la plus simple des douces harmonies).
Le mystère s’allège sur des roulements de timbales, traduisant ce que sera cet opéra, un drame tragique en quête d’amour innocent dans un lieu paradisiaque.
L'ouverture se prolonge même dans la musique du Prologue "Le Prisonnier" : elle se change subitement en un Prestissimo, marqueté d'accents à toutes les notes. Plus forte, dramatique, terrible même, ses accents annoncent l'ouverture d'Otello dans la tempête, avec fanfares martiales, coups d'archets comme des coups de poignard, avant de se résoudre, de s'apaiser à nouveau.
L'éclaircie des sentiments est celle d’une très tendre mélodie à la clarinette, annonçant à la fois les couleurs amoureuses et exotiques. L'orchestre bascule même dans une forme de danse légère et accélère en virevoltant, annonçant les événements à venir...
Rendez-vous tous les jours pour le nouvel épisode dans ce feuilleton Alzira !
Retrouvez également la présentation de la saison 2019-2020 à l'Opéra de Liège, l'interview de son Directeur général Stefano Mazzonis di Pralafera, de sa Directrice musicale Speranza Scappucci