Vocabulaire italien d'opéra : Baritono
Baritono leggero o Baritono chiaro : Georg Nigl
Comme toutes les voix "légères" et colorées, le baryton léger (ou baryton clair) arbore un timbre lumineux et pur dans les aigus (ce qui le rapproche du ténor), habile à chanter les extraits virtuoses. Les rôles convenant à cette voix sont souvent bouffes et présents parmi les œuvres baroques, classiques ou contemporaines.
Le premier chef-d'œvre du genre opéra, Orphée de Monteverdi, y fait déjà recours : entouré des bergers et des nymphes, Orphée enchante les plaines de Thrace du son de sa lyre. La fête est interrompue par la Messagère, qui annonce qu’Eurydice a succombé à une morsure de serpent. Ne pouvant accepter ce triste destin, Orphée décide d’aller chercher sa bien-aimée aux enfers ("Tu se’ morta, mia vita"). Ses compagnons pleurent avec lui, ainsi que la Messagère. Bergers et nymphes accablent le sort cruel ayant touché les infortunés amants.
Baritono lirico o cantabile : Christian Senn
Le Baryton lyrique ou chantant porte une voix riche, élastique et quelque peu légère. Il se produit dans le répertoire belcantiste et exploite ses registres central et aigu.
En cherchant à fuir Orlando Furioso (de Vivaldi), amoureux d’elle, Angelica a perdu son amant Medoro. La magicienne Alcina lui promet de lui rendre son bien-aimé : Angelica exulte. Surgit justement Orlando, à la recherche d’Angelica : Alcina s’en éprend et le convainc de rester sur son île en lui révélant qu’Angelica s’y trouve également. Astolfo explique à Orlando qu’Alcina dispose de l’immense pouvoir prodigué par les cendres de Merlin l’Enchanteur, qu’elle fait garder par l’invulnérable Aronte. Orlando n’en est toutefois pas effrayé. Astolfo lui révèle alors l’amour qu’il porte à la magicienne ("Costanza tu m'insegni"). Le rôle d'Astolfo est interprété par le baryton chilien Christian Senn :
Baritono lirico spinto o lirico-drammatico (baritono verdiano) : Ludovic Tézier
Le baryton lyrique "spinto" est souvent nommé "verdien" en raison de son emploi récurrent dans les opus du maître italien d'opéra, Giuseppe Verdi. Son chant peut varier, d'un air très lyrique et/ou plaintif à la l'action hautement dramatique. Sa voix est volumineuse et l'étendue large, le registre central particulièrement exploité.
Ludovic Tézier figure aujourd'hui comme le véritable baryton verdien, ayant gagné sa reconnaissance internationale grâce à ce répertoire. Le voici dans le rôle de Rodrigue en Don Carlos, extrait tiré de la production à l'Opéra de Paris aux côtés de Jonas Kaufmann notamment. Il s'agit de l'air de la mort de Rodrigue et de l'adieu à son ami fidèle Don Carlos (acte III).
Baritono drammatico : Sherrill Milnes
Les barytons dramatiques sont les grands méchants de l'opéra romantique. Verdi et Puccini leur ont attribué d'importants personnages de ce type (Scarpia, Jago, Jack Rance). La couleur de sa voix est lourde et sombre, tandis que la force sonore s'avère imposante, conformément aux exigences des caractères.
Dans l'acte II de l'Otello de Verdi, Jago poursuit son plan malicieux et retrouve Cassio, qui se plaint de sa déchéance. Jago lui conseille de rechercher le soutien de Desdemone, dont les souhaits sont toujours exaucés par Otello, afin qu’elle obtienne sa réhabilitation. Resté seul, Jago chante sa croyance en un Dieu cruel qui l’a conçu à son image. Ses paroles sont particulièrement cyniques : il méprise les justes qu’il juge hypocrites et voit la vie comme une dérision qui s’achève avec le néant de la mort ("Credo in un Dio crudel"). Le baryton américain Sherrill Milnes endosse la partie de Jago, l'un des plus grands méchants de l'histoire du répertoire opératique.