Vocabulaire allemand d'opéra : Bass
Hoher Bass (baryton-basse dramatique) : René Pape
La haute basse, ou encore la basse-baryton dramatique, représente une voix entre la basse et baryton (d'où l'adjectif "haute", introduit par Richard Wagner) dont le registre aigu est amplement élargi. Or, ce type reste principalement celui de la basse, avec la tessiture appartenant au diapason grave. Les rôles clés de son répertoire sont Boris Godounov, le Prince Igor, Klingsor en Parsifal ou bien Wotan dans L'Anneau du Nibelung.
Depuis que Fédor Chaliapine, un des plus célèbres interprètes de Boris, s'est déclaré en tant que "basse-baryton" (et non pas "basse" comme il était d'usage vers la fin du XIXe siècle), ce terme est progressivement rentré dans la pratique et offre une sous-division supplémentaire dans la typologie des voix lyriques. L'allemand René Pape fait aujourd'hui figure comme l'un des meilleurs basse-barytons et parmi les plus notables interprètes du personnage de Boris (défi particulièrement exigeant pour un chanteur non-russophone). Voici un extrait du second acte : dans les appartements de Boris Godounov, sa fille Xenia pleure la mort de son fiancé, le Prince Ivan. Sa Nounou, puis son frère Feodor, tentent de la réconforter en lui chantant des comptines. Boris parait, regrettant la tristesse de sa fille et admirant le sérieux de son fils qui étudie la géographie du royaume. Mais seul, il laisse éclater l’angoisse qui le poursuit depuis son crime, et que les bruits des complots se tramant en Lituanie amplifient.
Jugendlicher Bass : Ferruccio Furlanetto
La basse à la voix juvénile se réfère de manière générale aux personnages jeunes, quel que soit l'âge de chanteur. Ferruccio Furlanetto chante Masetto dans Don Giovanni : deux paysans, Zerlina et Masetto, fêtent leurs fiançailles avec leurs proches. Don Giovanni les interrompt et leur propose de continuer la fête dans sa demeure. Les jeunes gens acceptent. Mais Don Giovanni retient Zerlina, demandant à Mazetto de suivre la troupe. Se sentant trahi par son amante qui le pousse également à partir, le jeune fiancé quitte les lieux furibond ("Ho capito, signor, sì!").
Spielbass : Ambrogio Maestri
La basse bouffe désigne une voix grave mais au timbre lyrique, très souple et habile à chanter les vocalises. Ces caractéristiques sont mises au maximum au service de l'effet comique que ce personnage type doit produire.
Un des meilleurs acteurs à l'opéra, Ambrogio Maestri s'est rendu célèbre par les interprétations des rôles comiques, dont le Docteur Dulcamara dans L'Élixir d'amour de Donizetti. Voici le moment d'apparition de Dulcamara (au premier acte), vendeur ambulant de produits miracles pour gagner la santé, la fortune et le bonheur (« Udite, Udite, O Rustici »). Ses promesses intriguent Nemorino, qui lui demande le filtre de Tristan, et lui donne tout l'argent en sa possession en échange de la fiole magique, qui est en fait une simple bouteille de vin de Bordeaux. Nemorino ne pourra en percevoir l'effet que dans un jour, laissant ainsi le temps au Docteur de quitter le village.
Schwerer Spielbass : Ildar Abdrazakov
La basse bouffe dramatique est une voix aux aigus bien solides, manifestant son autorité dans le registre pivot et grave. Elle est expressive et très mobile, ses personnages phares sont le Baron Ochs dans Le Chevalier à la rose, Méphistophélès dans Faust de Gounod ou Ferrando dans Le Trouvère.
Ildar Abdrazakov campe ici Varlaam, le moine ivrogne du Boris Godounov de Moussorgski et entonne le "chant de Kazan" (ville tatare à l'Ouest de la Russie) du deuxième acte à l'auberge. Varlaam réclame du vin et chante sur les exploits guerriers d’Ivan le Terrible.
Lyrischer seriöser Bass : Franz-Josef Selig
La basse lyrique sérieuse se rattache à la basse profonde (la voix la plus grave) mais qui, au-delà de désigner la tessiture basse, caractérise aussi le chant lent et les figures historiques ou mythologiques majestueuses, nobles, autoritaires (les dieux et rois, par exemple).
Voici Franz-Josef Selig qui chante l'air de Sarastro ("O Isis und Osiris"), situé au deuxième acte. Les Grands Prêtres sont réunis autour de Sarastro. Celui-ci annonce qu’Isis et Osiris ont décidé d’unir Tamino et Pamina. C’est eux, accompagnés de Papageno, qui pourront arrêter la Reine de la Nuit, qui rêve de détruire leur temple. Mais ils doivent d’abord traverser des épreuves difficiles. Sarastro prie alors les Dieux pour qu’ils protègent les trois jeunes gens, ou qu’ils les accueillent s’ils périssent dans les épreuves ("O Isis und Osiris, schenket Der Weisheit Geist").
Dramatischer seriöser Bass : Kurt Moll
La basse sérieuse dramatique appartient au même genre vocal que celle ci-dessus, mais à la couleur plus sombre et dramatique. Elle est particulièrement dominante et imposante son assise sonore.
La basse allemande Kurt Moll représente ce type vocale et chante ici l'air fatidique du Commandeur vers la fin de l'acte II. Alors que Don Giovanni et Leporello cherchent l’un et l’autre refuge dans un cimetière, la voix du Commandeur, dont la statue orne la tombe, se fait entendre, menaçante. Alors que Leporello est pris d’effroi, Don Giovanni plaisante de la situation, invitant l’homme de marbre à dîner. Celui-ci accepte l’invitation ("O statua gentilissima"). Peu perturbé, Don Giovanni s’en va préparer la réception. Pendant ce temps, Don Ottavio propose à Donna Anna de l’épouser, mais celle-ci met en avant sa tristesse pour repousser leurs noces ("Crudele ? Ah no, mio bene!").