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La Belle Hélène est un opéra bouffe en trois actes de Jacques Offenbach (1819-1880), sur un livret de Henri Meilhac et Ludovic Halévy. Il a créé au Théâtre des Variétés à Paris le 17 décembre 1864. L'opéra bouffe est une catégorie d'opéra comique qui contient des dialogues parlés, mais qui ne traite pas de sujets sérieux. Souvent confondu avec l'opérette, ce genre lyrique contient un nombre important de personnages, a une tendance aux intrigues parodiques et satiriques et utilise des mélodrames parlés ou chantés pour faire avancer l'action.
Dans cette œuvre, les trois auteurs se moquent de la légende en inversant l'histoire mythologique et en passant constamment de la farce absurde au rêve. L'extrait d'aujourd'hui illustre la grande la maîtrise à la fois musicale et dramaturgique d'Offenbach dans le genre lyrique. Le couplet des rois précède le finale du dernier acte et achève la présentation des personnages avec une incroyable économie de moyen. En effet, à l'aide d'une même musique, le compositeur réussit en un seul et même numéro à présenter les cinq rois avec un chœur qui ponctue chacune des interventions en reprenant soit le dernier mot ou soit la dernière phrase prononcée. Cette scène est particulièrement représentative de l'ambiance générale de l'œuvre : une loufoquerie débridée où les dieux, tournés en dérision, ont été rendus superficiels. Ce couplet des rois est entouré d'un chœur d'hommage (« voici les rois de la Grèce ») dans un rythme de marche lente et solennelle qui n'est pas sans rappeler les musiques de procession du grand opéra français à la Meyerbeer.
Il existe plusieurs styles de comique musical dans cette œuvre, mais cet extrait fait surtout place au comique de répétition. Cet effet consiste à décaler le mètre verbal et le mètre musical par la répétition incongrue de syllabes. L'absurdité de l'histoire, de la situation et des personnages est ainsi renforcée par des bégaiements délicieux qui, comme les onomatopées, permettent le déploiement d'une grande énergie rythmique et participe à l'ambiance frivole et fêtarde qu'Offenbach et ses comparses ont voulu mettre en scène dans leur œuvre.
Retrouvez les airs de notre série sur les personnages maléfiques à l'opéra :
10 - Ange ou démon : L'ange de feu
09 - Un chant enjôleur : La Damnation de Faust
08 - Sérénade satanique : Faust
07 - Un Bryn méchant : Mefistofele
06 - Un credo douteux : Othello
05 - De l'intérêt de la vertu : Ariodante
04 - Dans un grand bol de strychnine : Rusalka
03 - La sorcière berne Enée : Didon et Enée
02 - Brubaker le bien nommé : Hänsel et Gretel
01 - Amour mis à prix : Médée