Une tour de contrôle avec son mur de moniteurs vidéos et de micros ouvre la bande-annonce, non pas du dernier film d'action Hollywoodien, mais de “L'Opéra”, nouveau documentaire de Jean-Stéphane Bron. Durant une saison, le long-métrage suit l'Opéra de Paris sous toutes ses coutures : la production des spectacles bien évidemment mais aussi la vie d'une institution faite de conflits à résoudre entre les artistes, syndicats et tutelles administratives (recoupant lointainement des préoccupations majeures de Jean-Stéphane Bron, qui a documenté la crise bancaire américaine ou bien le populisme politique en Suisse).

Le Bœuf de Moïse et Aaron (Schoenberg) mis en scène à Bastille par Romeo Castellucci dans le documentaire L'Opéra de Jean-Stéphane Bron (© Les Films du Losange)

Cette immersion dans la vie de Bastille et Garnier est aussi l'occasion d'en visiter les coulisses, de découvrir l'envers du décor : une ombre qui se recoiffe, pousse une porte et se dresse sur une pointe, un bœuf qui entre sur scène, un agent d'entretien qui passe l'aspirateur, deux ballerines essoufflées, Philippe Jordan qui attend le top pour entrer et Jonas Kaufmann en jean et sous-pull rouge.

Sir Bryn Terfel et Jonas Kaufmann en répétitions dans le documentaire L'Opéra de Jean-Stéphane Bron (© Les Films du Losange)

Bien entendu, la musique tient une place fondamentale dans le film, l'idée étant d'enchaîner les bandes-sons "in" (la caméra filme les musiciens), qui se prolonge en "off" (les accords de Tchaïkovski ou le rythme effréné de Stravinsky illustrant les manifestations sur la place de la Bastille ou les conflits artistiques et sociaux).

Ce film est enfin une galerie de portraits familiers suivis dans la durée et le quotidien : le fraîchement nommé directeur Stéphane Lissner lançant son regard vers l'horizon de Bastille ou bien qui arpente les plateaux, Benjamin Millepied (directeur de la danse remplacé en février 2016 par Aurélie Dupont) vivant, mimant presque les mouvements de ses danseuses depuis la coulisse, les artistes en répétitions et échauffements, et notamment le parcours du baryton-basse Mikhail Timoshenko débarquant de son petit village russe avec dans les yeux les étoiles de "Bastille !" (nous vous rendions compte très récemment de son travail dans la master-class Philippe Jordan, un exercice qui sera présent dans le film).