Un récital de Gala pour les 20 ans des Révélations Classiques de l’Adami
La programmation réserve pour chaque air un compositeur différent. Elle donne une large place à des morceaux connus du répertoire musical, comme le duo Papageno-Papagena de La Flûte Enchantée de Mozart. Ici c’est l’opéra bouffe qui est à l’honneur dans une mécanique d’horloge où les deux personnages populaires se découvrent, chacun étant destiné à trouver sa chacune dans le meilleur des mondes possibles. « Pa pa pa » dit Papageno chanté par le très professionnel Mathieu Lécroart. « Pa pa pa » répond la Papagena d’Armelle Khourdoïan, au délicieux timbre de soprano. Le public accueille le duo chaleureusement.
Matthieu Lécroart et Armelle Khourdoïan, Révélations Classiques 1999 et 2014 (© Thomas Bartel)
Très applaudi aussi le fameux duo des Pêcheurs de Perles de Bizet, cet opéra où triomphent l’amitié et l’amour. « Soyons amis jusqu’à la mort » disent Zurga et Nadir, dont la camaraderie survivra à bien des vicissitudes. On regrettera l’absence des fortissimos requis dans la partition à la fin du morceau. À Alexandre Duhamel répond Julien Behr, au timbre léger et fruité, à la conduite de son impeccable, mais dont la voix est cependant plus adaptée au duo de L’Élixir d'Amour de Donizetti chanté en début de soirée avec Anna Kasyan.
Julien Behr et Alexandre Duhamel, Révélations Classiques 2009 (© Thomas Bartel)
Tout aussi connu, le quatuor du Rigoletto de Verdi rassemble Mathieu Lécroart et Kevin Amiel, qui a toutes les qualités pour le rôle du Duc de Mantoue. L’aristocrate est certes animé dans cet opéra des plus mauvaises intentions envers Gilda, mais la voix pourrait cependant se faire plus solaire dans la sublime phrase d’entrée. La mezzo-soprano Ahlima Mhamdi fait merveille dans l’acoustique de l’auditorium, moins flatteuse pour Clémence Barrabé, dont a pu admirer cependant l’impeccable justesse.
Kévin Amiel et Ahlima Mhamdi, Révélations Classiques 2011 et 2013 (© Thomas Bartel)
Les extraits d’opéras sont prisés du public. Pour les chanteurs, ils demandent de recréer en trois minutes une atmosphère dramatique. C’est ce qui fait que les instrumentistes se taillent ce soir-là une noble part, grâce à l’homogénéité qu’ils savent très rapidement créer entre eux et avec l’Orchestre national de France. Ils sont davantage rompus à l’exercice d’une virtuosité immédiate et infaillible, faisant d’une œuvre courte un petit opéra en soi. Ainsi, le duo de flûtes de Doppler sur des extraits de Rigoletto a particulièrement charmé le public. La douce sonorité de la partie aigüe de Mathilde Caldérini s’alliait merveilleusement au velouté des graves du flûtiste Clément Dufour, qui interprète avec brio une variation redoutable. De même, le hautbois Olivier Stankiewicz séduit avec une œuvre de Zimmermann pourtant difficile d’accès. Même maîtrise pour le trompettiste Romain Leleu dans un extrait du concerto de Haydn, exécuté avec une rare sobriété toute classique.
Héloise Mas et Marie-Laure Garnier, Révélations Classiques 2014 et 2013 (© Thomas Bartel)
Pour revenir aux chanteurs, la reine de la soirée est sans conteste Héloïse Mas avec sa Rosine du Barbier de Séville de Rossini en version mezzo, impeccablement exécutée, avec quelques aigus audacieux et spirituels. Son duo de Cosi fan tutte recrée la belle atmosphère d’une soirée italienne, avec Marie-Laure Garnier, sans doute la plus grande voix de cette représentation, adéquate dans ce rôle de Fiordiligi. On rêverait d’entendre sa Tosca ! Le clou de la soirée est un duo de Max Bruch, très virtuose et à la fois plein de poésie, joué avec un plaisir visible et une grande complicité par Nicolas Baldeyrou à la clarinette et Jérémy Pasquier à l’alto. Le public apprécie la fraîcheur joyeuse de cette musique méconnue.
Le concert sera diffusé ce samedi 12 novembre à 20h sur France Musique.