Sublimes Requiem et Grande Messe des Morts à la Chapelle du Château de Versailles
Château de Versailles Spectacle, l’institution organisant les spectacles de l’Opéra Royal, dispose d’un atout exceptionnel : la possibilité d’ouvrir des espaces extrêmement prestigieux pour des concerts d’exception. C’était le cas le week-end dernier, avec deux représentations du Requiem de Mozart et de la Grande Messe des Morts de Gossec à la Chapelle du Château. Un cadre magique, particulièrement propice au répertoire de la musique sacrée, et à ces deux chefs-d’œuvre du XVIIIème siècle en particulier.
Sébastien d'Hérin, chef d'orchestre et directeur artistique de l'ensemble Les Nouveaux Caractères (© Cédric Roulliat)
Le Requiem, œuvre inachevée de Mozart, commandée au compositeur par un intermédiaire secret mais extrêmement exigent, puis complété par des disciples du maître à la demande de sa veuve, a toujours fasciné, tant pour la richesse de sa partition que pour l’histoire de sa création.
Pour ces deux dates, c’est Sébastien d’Hérin, à la tête de l’orchestre et du chœur Les Nouveaux Caractères qu’il a cofondés avec la soprano Caroline Mutel, également présente sur la scène de la Chapelle, qui dirige la soirée avec grand raffinement. Jouant admirablement avec les silences et la résonance du lieu afin d’éclairer la partition, et malgré quelques attaques imparfaites, il produit une version d’une rare qualité. Bien servi par trois trombones de grande qualité, brillants dans leur solo, des cors de basset et bassons pénétrants, des trompettes bien mises en valeur par leur positionnement à l’étage dans la première partie, des timbales rythmant magnifiquement la seconde et des cordes toutes en nuance (notamment les deux contrebasses apportant une véritable assise à l’interprétation) apportant une grande vitalité, notamment dans le Miserere du Requiem, le chef livre une interprétation d’une grande subtilité. Le chœur est parfaitement équilibré : les ténors, parfois étouffés, résonnent ici de manière claire et précise, tandis que les sopranos apportent une belle vivacité. Les basses et les altos font honneur à la profondeur de l’œuvre et suscitent l’émotion.
Caroline Mutel (© Cédric Roulliat)
Les quatre solistes sont de grande qualité et d’une parfaite complémentarité. Caroline Mutel, co-fondatrice de l’ensemble Les Nouveaux Caractères, donc, perce l’espace de la Chapelle de son timbre limpide, notamment dans les aigus. Karine Deshayes, qui poursuit là sa série de concerts (elle avait évoqué celui-ci lors de notre entretien avec elle début mars), continue d’impressionner par la justesse de son interprétation. La mezzo-soprano vit la musique, y compris entre ses interventions, tandis que son œil pétillant encourage ses partenaires. Sa voix se marie à merveille avec celle de Caroline Mutel (dans le Lacrimosa de la Grande Messe, notamment) ainsi qu’à celle de Thomas Michael Allen (dans le Requiem). La voix claire de ce dernier sied merveilleusement au répertoire mozartien. Enfin, la basse française Nicolas Courjal confirme qu’il est bel et bien l’un des plus grands chanteurs français dans sa tessiture. Il déroule sa partition avec une excellente diction et une réelle autorité, dialoguant avec les trompettes dans la première partie, puis dévoilant des graves somptueux dans la seconde, avec un souffle parfaitement maîtrisé.
Nicolas Courjal (© Harcourt)
La Chapelle accueillera de nouveaux spectacles d'ici la fin de la saison, en particulier les Ténèbres et Miserere de de Lalande avec Sophie Karthhäuser le 10 mai (acheter un billet), le Te Deum de Lully dirigé par Jean-Claude Malgoire avec Hasnaa Bennani le 19 juin (acheter un billet) ou encore le Stabat Mater de Pergolesi dirigé par Marc Minkowski le 23 juin (acheter un billet).