Bilan très encourageant pour la première saison de Stéphane Lissner à la direction de l'Opéra de Paris
Il est très intéressant de lire le tableau détaillé des taux de remplissage, qui permet de savoir quels opéras emportent le succès. Garnier a une jauge de 2.000 places, pourtant ce théâtre est un peu moins plein que Bastille qui vend 700 places supplémentaires pour chaque spectacle. Cela s'explique d'abord par la configuration du théâtre à l'italienne dans lequel se trouvent de nombreuses places sans visibilité, mais aussi par les choix ambitieux de la programmation dans l’aînée des salles. Garnier a tout de même un taux de remplissage de 91,3%. Platée, Capriccio, Lear et Le Château de Barbe-Bleue/La Voix humaine sont à 89% et ces chiffres sont tirés vers le haut par le spectaculaire taux de 100% des billets vendus pour Iolanta/Casse-Noisette. Cette prime à l'innovation est l'un des enseignements principaux des ventes de places à l'opéra. Ainsi Bastille remplit-il 98,7% des représentations de La Damnation de Faust contre 81,0% pour Don Giovanni. Moïse et Aaron, oeuvre pourtant difficile d'accès, réalise un score au-dessus de la moyenne avec 93,4%. À l'inverse, les ballets remplissent davantage Garnier (près de 92%) que Bastille (près de 91%). Toutefois, alors que Bastille n'accueille que 43 représentations de ballet (soit trois fois moins que Garnier), la salle moderne reçoit 112.000 amateurs d’entrechats contre 192.000 à Garnier.
Stéphane Lissner (© Elisa Haberer / Opéra national de Paris)
Autre point très positif, le budget de mécénat est en hausse de 30%, dépassant ainsi les 13 millions d’euros (à comparer aux 95,7 millions de subvention de l'État et à rapporter sur un budget global de 211 millions d'euros hors investissement). Ces ressources, associées à l’accroissement espéré post-attentats du nombre de visiteurs à Garnier, qui atteint toutefois 556.000, devraient contribuer au redressement des finances que demandait le dernier rapport de la Cour des comptes -retrouvez ici notre article détaillé à ce sujet. Le chapitre des bonnes nouvelles continue avec le succès des avant-premières jeunes (qui comptent 23.088 mélomanes de moins de 28 ans). Elles ont été un véritable outil d'ouverture à des publics éloignés de l'opéra, puisque 60% de ce public n'était jamais venu à l'Opéra. Grâce à cette politique, les jeunes représentent désormais 17% du public, en hausse de 3 points par rapport à la saison 2014/2015. Le bilan est aussi l'occasion de célébrer la naissance en 2015 de l'Académie de l'Opéra (qui forme et promeut les prochaines générations d’artistes) ainsi que de souligner le succès numérique (3ème scène dédiée à la création sur internet et progrès des réseaux sociaux notamment).
La 3ème Scène, espace numérique de l'Opéra de Paris, vu ici dans sa version pour tablette (© 2016 - Opéra national de Paris)
Ce bilan fourmille aussi de chiffres. On apprend ainsi que l'âge moyen des spectateurs est de 46 ans, qu'il est plus jeune pour les ballets (44 ans) qu'à l'opéra (48 ans) et a fortiori chez les abonnés (56 ans). Si la moitié du public est parisien et si un quart vient de région parisienne, il y a davantage de spectateurs venant de l'étranger (13,5%) que de la province (10%) : une preuve du rayonnement international de cette noble institution mais également une explication aux grincements de dents de la part des spectateurs qui viennent de très loin, lorsque des spectacles sont annulés ou redistribués. Le nombre d’abonnés est certes en léger recul de 3% mais le nombre de places commandées progresse de 2% pour une valeur en moyenne en croissance de 894 € à 1.005 €.
Cette rétrospective est aussi une occasion d'annoncer les projets futurs : la saison 2016/2017 proposera une vingtaine de créations et une douzaine de reprises qui assurent en outre un fil rouge (ou plutôt un leitmotif) avec les saisons passées par la continuité des cycles Berlioz, Wagner et d'opéras français. Nous vous avions également déjà rendu compte d’annonces spectaculaires pour la saison prochaine 2017/2018 (dans notre article à retrouver ici).Réservez toutes vos places pour l'Opéra de Paris avec tous les avantages du service Ôlyrix.