Depuis 2007 et jusqu’au 1er Septembre 2018, date à laquelle il cédera la place à Pierre Audi, le directeur du Festival d’Aix-en-Provence Bernard Foccroulle encourage l’innovation au sein de ce qui demeure l'un des plus grands événements lyriques européens.

Ainsi, la programmation fait-elle de nouveau la part belle à une création mondiale et à quatre productions nouvelles dans quatre styles fort marqués. Le dialogue entre les œuvres sera une autre des caractéristiques de cette édition, notamment au travers de la figure des séducteurs et séductrices...

Création lyrique

Le 3 juillet, le Festival commencera par un événement au Grand Théâtre de Provence : la création mondiale de Pinocchio, une commande d’Aix au compositeur belge Philippe Boesmans, d’après la pièce de Joël Pommerat, certainement l’un des auteurs de théâtre français les plus en vue et qui a prouvé son habileté dans la recréation de contes traditionnels.

C’est la pétulante Chloé Briot qui créera le rôle du pantin, avec Stéphane Degout en directeur de troupe, Yann Beuron en escroc, Vincent Le Texier en père, le personnage de mauvais élève étant incarné par Julie Boulianne, le tout sous l’œil de la fée Marie-Eve Munger. C'est ce qui s'appelle une distribution prometteuse !

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Stéphane Degout (© Julien Benhamou)

Des visages connus et de la jeunesse

Ce sera ensuite au Théâtre de l’Archevêché que Don Giovanni mettra en avant des habitués du Festival d’Aix : le chef Jérémie Rhorer, spécialiste reconnu de l’œuvre de Mozart et Jean-François Sivadier qui signera la mise en scène. La distribution promet d’être d’une grande fraîcheur avec, notamment, Philippe Sly en Don Giovanni, Nahuel di Pierro pour Leporello, Eleonora Buratto en Donna Anna et Pavol Breslik interprétant Don Ottavio. Une jeune distribution en somme, qui contrastera avec les interprètes plus confirmés de la version donnée à Aix en 2010 et 2013.

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Visions novatrices et fine fleur du chant français

Et précisément, ces différences de distributions s’expliquent par l’adéquation à la mise en scène, les Don Giovanni des années passées correspondant à la vision de Dmitri Tcherniakov, celui-là même qui signera la mise en scène du Carmen d’Aix 2017 au Grand Théâtre de Provence. Comme ce fut le cas les années précédentes avec ce metteur en scène aux choix affirmés, nous ne doutons pas que les passions et les débats se déchaîneront pour le grand retour de Carmen, absente du Festival d’Aix depuis sa première et seule représentation en 1958 ! Stéphanie d’Oustrac, pour sa voix et son jeu d’actrice, semble un choix idéal pour incarner la fougueuse séductrice. Elle sera confrontée à Michael Fabiano en intense brigadier Don José, Elsa Dreisig en jeune Navarraise Micaëla, ainsi que Teddy Tahu-Rhodes en imposant toréador Escamillo.

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Cette Carmen sera assurément un digne pendant à Don Juan et au libertin de Stravinsky. Car The Rake’s Progress viendra ensuite clore le cycle Stravinsky du Festival et inaugurer la résidence de l’Orchestre de Paris, que l’on retrouvera également dans la fosse du Carmen de cette même édition. Paul Appleby, Kyle Ketelsen, Julia Bullock ou encore Andrew Watts interpréteront cette œuvre, qui, à l’image de Carmen, n’avait été jouée qu’une seule fois dans ce festival (en 1992). Le libertin et Don Juan partageront en alternance le Théâtre de l’Archevêché, ce qui contribuera à renforcer leurs liens. Outre les histoires similaires de séducteurs, la musique de Stravinsky a le génie de savoir emprunter à Mozart son orchestre et son écriture, alternant récitatifs et airs dans un style néo-classique.

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Paul Appleby

Concluant les opéras mis en scène et toujours dans une nouvelle production, après le succès d’Elena de Francesco Cavalli en 2013, le Festival exhume Erismena composée en 1655 et qui représentera l’esthétique baroque si souvent associée au Festival d’Aix. Le décorum ainsi que l’acoustique du Théâtre du Jeu de Paume seront un bel écrin pour les voix prometteuses de Francesca Aspromonte (Erismena), le contre-ténor Carlo Vistoli (Idraspe) ou encore Tai Honey (Clerio Moro), parmi d’autres.

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Enfin, dans le cadre des prestigieuses invitations du Festival, une version de concert d’Eugène Onéguine de Tchaikovski sera dirigée par Tugan Sokhiev le 19 juillet au Grand Théâtre de Provence. Les solistes, chœurs et l’orchestre du Théâtre du Bolchoï assureront à l’interprétation toute son authenticité.

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Sans oublier le traditionnel grand concert parade gratuit sur le Cour Mirabeau consacré aux plus belles mélodies de Carmen. Vivement l'été !