Georges Prêtre : l'hommage d'Ôlyrix
Non, il n’y a pas que dans les contes que l’on rencontre des géants. Non, il n’y a pas que dans les contes que l’on croise des génies. Des bons génies. Georges Prêtre était de ceux-là. Il n’est pas mort bien sûr, il est juste sorti de scène. A 92 ans, c’est dans l’ordre des choses. Il ne s’est jamais voulu chef d’orchestre, ce qui l’aurait réduit à diriger des musiciens réunis dans un ensemble. Il se voulait interprète, même si personne ne contestait sa direction, si désireux de s’affranchir des contraintes des partitions. Si désireux de servir ses compositeurs et de partager son interprétation que les musiciens suivaient magnifiquement les mouvements de sa baguette, mais aussi de ses yeux. Car il dirigeait par cœur, sans jamais baisser les yeux, sans avoir à tourner de pages, dans une bonne humeur communicative. Nul doute que Ravel aurait revisité son Boléro s’il avait entendu la version si originale et personnelle de Georges Prêtre. Il était comme un aimant pour les autres génies de son monde. Il a été adoubé par Poulenc. Karajan l’affrontait, ce qui était un signe de reconnaissance. La Callas ne voulait être dirigée que par lui. Samson et Dalila réunis pour le meilleur. Il était un trompettiste de grand talent, un immense interprète symphonique. Son génie n’a cessé de souffler sur la musique, sur les musiques. Le 12 octobre dernier, au Musikverein de Vienne, une interminable standing ovation a salué sa dernière interprétation sur une estrade où il se sentait chaque fois si seul. Nous sommes là et nous nous levons à notre tour pour saluer, nous aussi, la sortie de scène de ce véritable génie.
Au revoir monsieur Prêtre !