Alma Deutscher, seulement 11 ans et déjà un opéra programmé à Vienne (mis à jour)
Cet enfant prodige, dont la précocité rappelle un certain Mozart, compose sa première sonate pour piano à l'âge de 6 ans. Elle fait même mieux que lui l'année suivante, composant son premier opéra The Sweeper of Dreams (Le Balayeur de rêves), alors que Mozart attend sa onzième année pour produire son premier opéra Apollon et Hyacinthe. Elle trouve l'inspiration lorsqu'elle agite sa corde à sauter en se racontant des histoires, avant de courir noter les musiques imaginées dans son carnet. Mais attention, seule fonctionne sa corde à sauter à paillettes et frou-frou brillant !
L'année dernière, elle a composé puis joué elle-même son Concerto pour violon avec l'Orchestre Philharmonique d'Israel dirigé par Roni Porat. Si sa justesse n'est pas encore parfaite, sa virtuosité instrumentale ainsi que sa technique de composition impressionnent. Son écriture très classique fait passer les thèmes d'un pupitre à l'autre et tente même certains mariages de timbres ainsi que des effets de jeu. Dans le même programme, elle a montré l'étendue de ses talents, passant au piano pour interpréter avec exactitude et même certains gestes recherchés, le Concerto pour piano K.246 de Mozart.
Le climat familial de stimulation intellectuelle est évidemment une raison fondamentale expliquant la culture de cette jeune créatrice : son père, Guy Deutscher, Docteur de Cambridge, est un brillant Professeur du Département de Langues et Cultures de Mésopotamie Ancienne à l'Université de Leiden aux Pays-Bas.
Alma Deutscher composera peut-être d'autres opéras, dans lesquels elle pourrait faire chanter une autre musicienne précoce : la chanteuse lyrique Amira Willighagen qui a remporté à 9 ans et à la majorité absolue des téléspectateurs l'édition 2013 de La Hollande a un incroyable talent, interprétant notamment O mio babbino caro de Gianni Schicchi et Nessun dorma de Turandot (Puccini) ainsi que l'Ave Maria de Gounod. Symbole du nouvel âge digital de l'opéra, de la musique et de la célébrité, cette jeune fille cumule plus de 64 millions de vues sur Youtube, sans compter les millions de vues pour ses vidéos avec André Rieu ou bien sur les chaînes spécialisées qui regroupent les vidéos d'enfants de moins de 10 ans multipliant les prestations virtuoses.
Toutefois, au jeu de la précocité artistique, Alma Deutscher ne rivalise pas avec Emily Bear, une pianiste américaine née en 2001, habituée des talk-shows et qui a joué devant George W. Bush à la Maison-Blanche le Concerto pour piano nº 23 de Mozart sans partition. À 8 ans, son catalogue comptait déjà 350 œuvres.
La multiplication de ces virtuoses, de plus en plus agiles et nombreux suscite tout de même certaines interrogations. Ces musiciens qui sont avant tout des enfants restent-ils préservés et conservent-ils l'innocence indispensable à cet âge béni ? Enfin, sur le plan artistique lui-même, cette précipitation du talent leur laissera-t-elle le temps de mûrir une personnalité artistique afin de passer de la virtuosité flamboyante à une véritable expressivité personnelle ? L'avenir nous le dira, mais on ne compte plus les jeunes virtuoses sans lendemains et tous les jeunes musiciens ne sont pas des Mozart.
Mise à jour du 02/01/2017 : la première représentation jeudi 29 décembre 2016 s'est jouée à guichets fermés (540 spectateurs) et a reçu une standing ovation.
Version de chambre de l'opéra Cinderella d'Alma Deutscher
Concerto pour violon composé par Alma Deutscher