Après le choc (notre article détaillé sur le coup dur vocal de Kaufmann est à retrouver ici) et alors que l'incertitude règne toujours sur le délai nécessaire au ténor pour revenir sur scène, le temps est à la solidarité. Les commentaires se multiplient sur les réseaux sociaux pour encourager et réconforter le chanteur superstar et néanmoins proche du public. Certes, ici et là certains se plaignent des annulations alors qu'ils ont engagé de nombreux frais de billets, de déplacements, d'hôtellerie et surtout car ils attendent chaque concert de Kaufmann comme un cadeau de Noël. Heureusement, le ton n'est pas celui de certains spectateurs qui vouaient une véritable haine à Callas pour avoir refusé de chanter une Somnambule supplémentaire à Édimbourg en 1957 ou bien pour être partie, malade, après le premier acte d'une Norma à Rome en 1958.

Toutefois, ces très rares voix discordantes semblent davantage en vouloir au système économique de l'art lyrique qui demande toujours plus à ses artistes : plus de performances, plus de concerts, plus de récitals, plus souvent et aux quatre coins du monde. Il est d'ailleurs indéniable que le rythme et l'activité des chanteurs ont changé avec la mondialisation de la culture, mais aussi car, de nos jours, les œuvres sont systématiquement données en version intégrale, alors que de nombreuses coupes étaient traditionnelles auparavant (exemple symptomatique, le directeur du Covent Garden à Londres, Antonio Pappano expliquait ainsi que « de sa vie, Maria Callas n’a jamais chanté une Traviata complète »).

L'essentiel des textes écrits à Kaufmann le remercie plutôt pour tout ce qu'il a déjà offert à l'art, loue sa gentillesse et sa beauté, enfin lui souhaite de prendre tout le temps nécessaire pour revenir plus fort encore. Le ténor s'est lui-même exprimé pour remercier ses fans sur le site de l'Opéra de Paris : « Je souhaite ici remercier chaleureusement tous ceux qui m'ont envoyé leurs vœux de prompt rétablissement par Facebook et par e-mail. »

Certains commentaires soulignent enfin l'ironie du sort qui s'abat sur Jonas Kaufmann à moins d'une semaine de la sortie de son nouvel album intitulé Dolce Vita.