Venezuela & USA : la musique se rebelle contre les gouvernements
Depuis trois années, le Venezuela s'enfonce dans une triple crise, économique (932% d'inflation), sociale et politique ayant entraîné des famines, des centaines de morts et un contrôle dictatorial (avec mobilisation de milices et mise sous contrôle du Parlement). La situation catastrophique généralisée dans le pays touche bien évidemment les musiciens, dans une nation célèbre pour "El Sistema" (programme global d'éducation par la musique fondé en 1975, regroupant 125 orchestres avec 250.000 enfants dans un pays de 30 millions d'habitants).
Le 3 mai 2017, Armando Cañizales, altiste âgé de 18 ans et membre d'El Sistema meurt lors d'une manifestation, abattu par la police. Pur produit d'El Sistema et grande figure du Venezuela, Gustavo Dudamel (né en 1981), chef d'orchestre et Directeur de l’Orchestre philharmonique de Los Angeles réagit à ce décès en mettant en garde contre le "conflit fratricide" et exhortant à plus de démocratie. Des propos très mal reçus par le dirigeant Nicolas Maduro. Le 19 juillet, Gustavo Dudamel persiste et signe par une tribune dans le New York Times et El Pais, dénonçant l'élection d'une Assemblée constituante le 30 juillet en vue de reprendre les pouvoirs au Parlement élu et à l'opposition.
Suite à ces événements, le gouvernement vénézuélien a imposé l'annulation de la tournée américaine d'El Sistema prévue en septembre à Washington, Chicago, Los Angeles et San Francisco, impliquant 180 musiciens ayant répété durant trois mois. Gustavo Dudamel a réagi ce 21 août : « Cette annulation me brise le cœur. Mon rêve de jouer avec ces merveilleux jeunes musiciens ne peut pas se réaliser - pour cette fois. Nous continuerons à jouer et à lutter pour un Venezuela et un monde meilleurs. »
Aux États-Unis, les liens entre le Président et le monde culturel sont également exécrables.
Les œuvres musicales notamment, fleurissent pour dénoncer le comportement de Donald Trump, dans la grande tradition américaine des Protest Songs, du hip-hop, ou du punk. Mais Donald Trump agite aussi le monde de l'opéra. Nous vous avons rendu compte des critiques directes adressées par le Directeur du Met à la politique de coupes massives dans la culture. Quant à Philip Glass qui a composé des opéras sur Einstein, Gandhi ou Walt Disney, il a récemment déclaré qu'il ne ferait pas un opéra sur "un idiot" comme Trump.
Dernier épisode en date, Donald Trump a décidé de ne pas se rendre à la traditionnelle cérémonie des Kennedy Center Honors le 3 décembre prochain, publiant ce communiqué : « Le Président et la Première Dame ont décidé de ne pas participer, afin de permettre aux lauréats de célébrer l'événement sans distraction politique ». La cérémonie est pourtant un haut fait culturel, durant lequel le Président des États-Unis et sa compagne s'honorent d'être entourés des plus grands artistes.
Le 18 août, c'étaient l'intégralité des 16 artistes, auteurs, interprètes et architectes du Comité des Sciences et des Arts de la Maison blanche qui démissionnaient en réaction à la "rhétorique haineuse" de Donald Trump suite aux manifestations suprémacistes de Charlottesville (Virginie).
Pour conclure toutefois sur une note musicale et humoristique, découvrez cet exemple de vidéo parodique contre Trump, à la sauce Rossini :